Retour en bus à travers la foule, message du président de la République : la victoire (1-0) des Comores face au Botswana, ce jeudi, premier succès en match officiel dans l’histoire de cette sélection, a provoqué l’émotion de tout un peuple. Le Montpelliérain Djamel Bakar, néo-international comorien, témoigne de cet événement historique.
Les trente dernières minutes ont pris des airs de Fort Alamo. « Après notre but, on a beaucoup subi, témoigne le Montpelliérain Djamel Bakar. On a reculé mais on a su tenir la baraque derrière. C’était difficile émotionnellement car on savait qu’on avait à portée de main quelque chose de fort pour le peuple. Mais on a su le gérer. » Au bout des efforts, une première historique. En tenant le score face au Botswana après le but signé El Fardou Ben Mohamed (ancien du Havre et de Vannes) à la 59e minute, les Comores ont réussi un exploit inédit ce jeudi dans leur stade de Mitsamiouli. Car ce succès 1-0 dans un match du groupe D des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations 2017 (organisée au Gabon) offre à cet archipel d’îles au sud-est de l’Afrique sa première victoire dans un match officiel !
Reconnue par la Fifa en 2006, l’équipe nationale des Comores – dont les joueurs sont surnommés les Coelacanthes – avait jusque-là disputé 20 rencontres de qualifications pour différentes éditions de la CAN (2012 et 2015, forfait pour ceux de l’édition 2013). Elle n’en avait jamais remporté un seul. C’est désormais le cas, 3084 jours après leur premier match officiel. Et pour ce pays parmi les plus pauvres de la planète, l’événement est énorme. « C’était un moment assez magique vu la situation du pays, s’enthousiasme Djamel Bakar, qui fêtait pour l’occasion sa première sélection avec les Comores. On se rend compte que beaucoup de monde manque d’électricité et d’eau potable et on essaie d’apporter un peu de bonheur. On a procuré de l’émotion au peuple. On est content d’avoir fait quelque chose de bien. C’est surtout la joie qu’on a pu donner aux gens qui nous rend fier. »
« On a mis entre 2h30 et 3 heures pour rentrer à l’hôtel »
Un bonheur partagé avec les joueurs sur le chemin du retour. « A la fin du match, c’était extraordinaire, le pays tout entier nous attendait, témoigne Bakar. En temps normal, on met 45 minutes ou une heure pour rentrer du stade à l’hôtel. Cette fois, on a mis entre 2h30 et 3 heures ! On va dire qu’on a profité du bain de foule. Le président de la République nous a également félicités par le biais du président de la Fédération. Arrivé à l’hôtel, la tension est retombée. On s’est concentré sur la récupération pour faire un bon match dimanche (toujours contre le Botswana mais là-bas, ndlr). »
A l’heure de se souvenir de l’exploit, les Comores pourront particulièrement remercier Ali Ahamada. Comme Bakar, l’ancien gardien toulousain étrennait sa première cape avec la sélection. Dans un match un temps interrompu par des pluies torrentielles, celui qui évolue aujourd’hui à Kayserispor (Turquie) aura sauvé les siens en multipliant les parades en fin de match. « On a pu s’appuyer sur notre expérience derrière, et notamment sur notre gardien », confirme Bakar. Et maintenant ? Dernières (sur quatre) de leur groupe qualificatif, les Comores sont revenues à hauteur du Botswana et du Burkina Faso avec trois points au compteur, trois longueurs derrière l’Ouganda. Sauf multiplication des exploits, la route vers la CAN devrait être trop pentue pour pouvoir l’emprunter jusqu’au bout. Mais pour le 173e du classement Fifa, cette simple victoire a déjà le goût du triomphe.